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Economie circulaire Obsolescence programmée

Initiatives éco-citoyennes comme solutions à l’obsolescence programmée

Sébastien Kanarek, le responsable de l’atelier participatif de Facilitec, était l’un des invités orateurs de la table ronde sur le thème de « Obsolescence et économie circulaire : entre enjeux environnementaux et opportunités économiques et sociales », organisée par le Circular Innovation Hub de la Ville de Wiltz et Infogreen le 15 octobre au château de Wiltz. Ce fut l’occasion de présenter les projets concrets de Transition Minett, menés en lien avec l’économie circulaire.

L’obsolescence programmée : qu’est-ce que c’est ?

Avant toute chose, revenons un peu en arrière. Le terme « obsolescence programmée » existe depuis près de 100 ans. Il apparaît en 1925 dans le livre de Stuart Chase La tragédie des déchets, puis avec Bernard London, promoteur américain qui met des mots sur ce concept. En 1930 Lewis Mumford, spécialiste des technologies, critique lui aussi le phénomène d’obsolescence programmée qu’il observe comme grandissant parallèlement à l’évolution des technologies.  Un brin d’histoire plus tard, une question reste en suspens : de 1925 à nos jours, comment sommes-nous passés de l’évolution des technologies à une hyperproduction de déchets ?

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Un travail important reste à accomplir, notamment pour changer les habitudes de consommation. Les réglementations sont des leviers majeurs pour encourager une consommation vertueuse. Si la solution ne peut pas venir du jour au lendemain, l’atelier collaboratif de Transition Minett logé à Facilitec, le tiers-lieu de l’économie circulaire, fait partie de ces initiatives qui concrétisent cette prise de conscience.

Le travail de réglementation, notamment avec la directive « Right to Repair », qui vise à encourager les consommateurs à prolonger le cycle de vie des produits grâce à la réparation, permet d’encadrer de façon vertueuse la vie des objets. Nous observons au Luxembourg un retard à l’égard des réglementations sur l’obsolescence programmée. A contrario, en France et en Belgique les législations semblent avoir déjà pris une marche vers l’avant, que ce soit en France avec une définition explicite du terme « obsolescence programmée » inscrite dans le code de la Consommation. La Belgique quant à elle, était le deuxième pays à adopter un indice de réparabilité pour les appareils électroménagers (l’entrée en vigueur de l’indice est prévue pour 2026)[1]. En bref, on constate que le Luxembourg a un retard conséquent à combler, pénalisant par la même occasion les consommateurs.

Dès lors, si les changements de consommation sont de plus en plus encouragés par les pouvoirs publics, nous pouvons, sans attendre, passer à l’action grâce à des initiatives citoyennes.

Que faire à mon échelle ? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !

Aujourd’hui, 6000 tonnes de déchets électroniques sont produits chaque année ! Afin de réduire ce chiffre, différentes alternatives doivent être adoptées par les consommateurs.

Et si, au lieu de renouveler un objet en participant indirectement à ce phénomène d’obsolescence programmée, nous proposions de prolonger la durée de vie des objets ?

La réparation ou la seconde main sont des moyens concrets d’agir pour une consommation raisonnée, afin d’avoir un impact sur la durée de vie des produits et donc de réduire les déchets. C’est en ce sens que notre atelier participatif s’inscrit tout en y ajoutant une approche sociale, avec un échange entre les citoyens et les bénévoles. Cette initiative agit aussi à une échelle économique en réduisant les achats personnels, au profit de biens qui pourraient servir à un plus grand nombre. Et enfin, comment ne pas mentionner l’impact écologique indéniable de cette action. Nous contribuons ainsi à l’allongement de la durée d’utilisation des objets et à la réduction de la production de déchets.

Concrètement, Transition Minett propose d’engager une réflexion pour prolonger la vie des objets peu utilisés au quotidien avec la bibliothèque d’outils Gutt Geschier  (les bons outils), mise en place en collaboration avec EBL. Plus globalement, le tiers-lieu Facilitec contribue à promouvoir les 5R (Refuser, réduire, réutiliser, recycler, rendre à la terre), fondamentaux pour agir de façon responsable face à une production de déchets toujours croissante. D’autres initiatives éco-citoyennes inspirantes comme le projet de Repair Café ont été mis en lumière lors de cette table-ronde par Léonard Andersen coordinateur du projet Repair Café Luxembourg et du Citizen for Ecological Learning & Living (CELL). Nous pouvons également relever les différentes initiatives du Comité National de Défense Sociale (CNDS), représentée par son Directeur Raoul Schaaf lors de cet échange, qui démontre les possibilités de lier l’écologie à l’inclusion sociale.

Lire aussi : Repair Café – Apprendre à réparer pour prolonger la vie de nos objets

 Intéressé.e.s par l’atelier collaboratif ou besoin d’un outil ? 

Venez découvrir ou redécouvrir Facilitec au 37B rue de la Fontaine à Esch-sur-Alzette (accès sur rue Berwart).

Horaires :
Lundi et jeudi : 14h-20h
Mardi et mercredi : 13h30-17h
Vendredi : 9h-16h30
Week-end fermé, sauf événements et derniers dimanches du mois (atelier ouvert de 14h à 17h). 

Et parce que nous ne sommes pas les seul.e.s à œuvrer pour l’économie circulaire à Esch, nous vous invitons à découvrir ces projets si vous ne les connaissez pas déjà !

Centre Formida, FerroForum (tiers-lieu sur le métal), CIGL Esch, SIVEC Schifflange, Les  Give Box : à la Kufa, la Mesa, et une pour les livres place de l’hôtel de ville.

Nous remercions chaleureusement le Circular Innovation Hub de la commune de Wiltz ainsi que le média InfoGreen pour l’invitation à cette table-ronde.


[1] Source du communiqué de presse de la Ministre Zakia Khattabi du Climat, de l’Environnement, du Développement durable et du Green Deal en Belgique